Après la pétition et un manque de soutien politique, le Dr Mélanie Lampe va ouvrir un centre ophtalmologique à Fauvillers

29/12/2023

Après la pétition et un manque de soutien politique, le Dr Mélanie Lampe va ouvrir un centre ophtalmologique à Fauvillers

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En février 2023, le docteur Mélanie Lampe, ophtalmologue à Fauvillers, avait alerté sur le manque d'ophtalmologues en province de Luxembourg, via une pétition. On fait le point avec elle dix mois plus tard.

Xavier CreerJournaliste

  • Publié le 27-12-2023 à 07h32
  • Mis à jour le 27-12-2023 à 10h37

Pour Mélanie Lampe, la fin de l'année est bien meilleure que le début. Et elle ne le doit qu'à elle-même. ©ÉdA – 60448231879 1.1kPartages

Mélanie Lampe, vous êtes ophtalmologue à Fauvillers et en février, vous avez lancé une pétition pour alerter sur la pénurie présente et future dans votre profession dans notre province. Y a-t-il eu une suite ?

Au total, on a récolté dans les 2 000 signatures et suite à un mail envoyé aux médecins de Vivalia, une quarantaine a rejoint mon combat contre la pénurie médicale chez nous. D'où s'est dégagé un groupe de 8, dont Guy Delrée, Vincent Delrue et moi-même. Grâce au soutien de Benoît Piedbœuf (MR), une délégation a pu rencontrer la ministre Valérie Glatigny. Cela a été un peu décevant, car on n'a pas senti que grand-chose était prévu au niveau du gouvernement. On nous a renvoyés vers le responsable de la répartition en soin de santé, mais il n'y a plus eu de suite.

Mais les choses ont quand même bougé ?

Pas au niveau du système, mais personnellement, une phrase de la ministre m'a marquée, disant que les acteurs de terrain avaient un rôle a jouer et pouvaient aider, en créant une maison médicale par exemple. Au début, cela m'a heurtée un peu. Puis je me suis dit que je serais plus vite aidée par moi-même qu'en attendant les décisions politiques. Donc, j'ai eu l'idée de créer un centre médical ophtalmologique, à Fauvillers. Et incroyable, mais vrai, depuis, j'ai eu plusieurs demandes de futurs ophtalmologues. Deux ou trois se joindront à moi dans ce futur centre, qui devrait ouvrir fin 2024, début 2025. On vient d'avoir tous les accords et les travaux devraient commencer au printemps. J'en suis vraiment ravie.

Pour ce projet, avez-vous un soutien financier public ?

Non, j'ai fait des demandes d'aides financières à la Province et à la Région, mais la réponse est négative, car je n'entre pas dans le cadre. Au moins, je ne devrai rien à personne. L'histoire se finit bien. D'un gros coup de gueule, je termine l'année avec de belles promesses. Mais je regrette le manque criant de soutien politique. Enfin, ce qui m'a encore le plus déçu, c'est le syndicat médical, qui a été contacté en premier, mais qui n'a jamais donné de réponse.

Et Vivalia dans tout ça ?

Je dois souligner un énorme soutien de la part de Vivalia au niveau de la direction à Arlon.

On va d'ailleurs développer un projet en parallèle, avec la création de cabinets de consultations ophtalmologiques au sein de l'hôpital, à Arlon d'abord puis, plus tard, à Houdemont. Cela me semblait logique vu les candidatures.

Ces candidats ophtalmologues, comment les avez-vous dénichés ? Ont-ils un lien avec notre province ?

Les trois motivés à venir ont tous un lien avec notre province, via eux-mêmes ou leur conjoint(e). Finalement, c'est via mes patients, qui avaient entendu parler de mon combat et qui avaient une connaissance pouvant convenir. Une dame m'a par exemple aiguillé vers le conjoint de sa petite-fille.

La pétition aura-t-elle quand même été utile ?

Oui, c'est grâce à la médiatisation que j'ai trouvé le personnel pour remplir ce centre. Ce n'était pas un combat inutile, au final, je suis très contente de créer ce centre. Il comprendra 3 ou 4 ophtalmologues plus deux orthoptistes. Et le but sera d'aider les jeunes à se développer, puis qu'ils créent leur structure de leur côté, pour faire un roulement, être une sorte de couveuse à ophtalmologues.

Si ce centre est un plus, la situation globale est-elle toujours mauvaise chez nous ?

Oui, le reste, c'est la catastrophe. Vu ceux qui vont arrêter, il faudrait 20 ophtalmologues pour arriver à la moyenne belge. Disons que ça calmera la vague.